Un premier automne entre promesses, tracteur et sang-froid
- Stéphanie Hinton
- 23 sept. 2020
- 2 min de lecture

On y est. On a emménagé.
À la fin septembre, on a posé nos bottes à Frelighsburg pour de bon. Le camion est déchargé, les clés sont sur la table, et dehors, l’automne déploie ses couleurs comme une bénédiction silencieuse. C’est notre premier automne sur la terre des Cocagnes, et tout, ici, semble à la fois ancien et neuf.
Les champs dorment encore, mais on sent déjà tout ce qu’ils portent en promesse. La maison, un peu cabossée par le temps, nous accueille avec sa toiture sombre et sa vue sur le mont Pinacle. Les érables flambent. Les ronces piquent. On prend des photos, beaucoup de photos, pour se rappeler de ce que c’était « avant ».
Et puis, entre deux promenades émerveillées, on se met au travail.
Rémi, de la ferme Au cœur du Pinacle, vient nous donner un coup de main. Un vrai — avec son tracteur rouge vif. Il fauche les parcelles qui serviront au maraîchage. Généreusement. Sans rien demander. Ce genre de solidarité qu’on n’oublie pas, surtout quand on débarque.
Et ensuite, il y a l’étang. Ceux qui sont passés cet été auront remarqué qu’il manquait un peu… d’eau. Après enquête, le coupable est un vieux ponceau rouillé. Alors, juste avant que la neige ne s’en mêle, on entreprend une opération sauvetage. Michel Giroux, excavateur hors pair, retire l’ancien tuyau et creuse un nouveau passage pour le trop-plein. Sans abîmer les berges. Avec doigté.
Ce matin, il neige doucement sur les roseaux. L’eau monte tranquillement dans le bassin, comme un souffle revenu.
On est arrivés à ce qui commence, comme disait Miron. Ce n’est pas encore un quotidien, ni tout à fait une vision — c’est un entre-deux précieux. On prend soin du lieu. Il commence à prendre soin de nous.
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